LES PENSÉES



S'il y a quelque chose avec lesquelles nous sommes familiers sont bien les pensées. Elles surgissent de nulle part, vont dans tous les sens tout en se placent au premier plan de la conscience, davantage encore que les émotions. À vrai dire, elles sont la principale source de distraction et d'absorption de la conscience.

Nous nous laissons séduire quand celles-ci nous conviennent et emporter quand elles nous déplaisent. Et Dieu sait la manière dont nous sommes partie prenante de toute cette effervescence cérébrale, dans nos besoins, dans nos désirs, dans nos décisions, en passant par nos fantasmes les plus éclatés.

Bien que nos pensées surgissent de nulle part, elles ne sortent pas du néant. Elles s'appuient sur des concepts et des affects en réminiscence de notre passé. Dans la mesure où nous nous soumettons à tout cette cogitation, nous demeurons captifs d'une sorte de mécanisme interne et redondant, évoquant nos expériences, notre histoire, en passant par les choses les plus triviales.

Nous pouvons certes diriger le cours de nos pensées comme bon nous semble, comme travailler, conduire une voiture, faire du sport, s'adonner à des loisirs, lire un journal, et ainsi de suite. Remarquons cependant que notre mental est en action sans arrêt du matin ou soir. Bien malin celui qui peut tempérer toute cette effervescence. Il n'y a que le sommeil profond qui puisse cesser momentanément cette machine à penser qui n'a de cesses de tourner même la nuit dans nos rêves.


Les questions fondamentales qui se posent maintenant sont la suivantes: se pourrait-il que toutes ces élucubrations ne soient pas ce que nous Sommes vraiment? Il y aurait-il une gouverne intérieur planant au-dessus de toute notre activité mentale? À l'instar des animaux, bien des personnes croient encore que nous ne sommes rien de plus que des machines vivantes n'ayant d'autre finalité que de satisfaire nos besoins immédiats.

Qu’à cela ne tienne, devenir conscient que nous sommes autre chose que nos pensées confère un pouvoir d'abstraction et de distanciation permettant de ne pas se confondre avec ces dernières. Cela peut paraitre étrange pour certains, mais les personnes sages savent prendre un certain recul, à réfléchir avant de décider quoi que ce soit: «La nuit porte conseil». Inconsciemment, nous faisons donc usage du Soi sans toute fois déployer toute son pouvoir de vigilance, d'observation et de transcendance délibéré sur le mental.


Nous sommes tellement plus que tout le fatras de pensées, de croyances et de savoir qui nous assaillent, voire un ensemble hétéroclite de notions s'harmonisant plus ou moins les unes avec les autres. L'usage délibéré du Soi permet justement de sortir du point de vue de la personne (du je et du moi) et de s'installer provisoirement dans la neutralité du Soi, dans le silence intérieur, dans la Présence, dans la sérénité.

Dans des cas exceptionnels, une seule véritable expérience spirituelle ayant pour effet de nous extraire momentanément de notre enfermement, fait généralement voler en éclat toutes les croyances, tous les échafaudages intellectuels et spirituels élaborés au cours d'une vie, constatations faires dans les expériences de guérisons miraculeuses, de mort imminente et de Libération intérieure.

Qui plus est, un seul contact avec notre Nature profonde, au-delà du mental, permettant de nous extraire momentanément de nous-mêmes, nous démontre une fois de plus l'insignifiance de cette soi-disant intelligence humaine avec tout le jeu d'identifications personnelles qui en découle.

Pour nous vider la tête, retournons notre regard vers l'intérieur de nous-mêmes en direction du Je Suis. Là se situe le point focal de notre Être, là où il n'y a plus rien à penser, plus rien à faire. Être tout simplement, au-delà de toutes pensées, de toutes émotions. Pourquoi ne pas apprivoiser la vacuité intérieure qui s'en suit dans une sorte de demi-sommeil.

Yvon Gagné


Plus on fait usage de la volonté, plus on adhère à l'illusion de ce
monde et plus grande est son emprise sur notre vie. Plus
on lâche prise sur notre vie, plus la Lumière agit.


Tant que nous exprimons une pensée, une volonté ou un désir,
nous ne sommes plus dans le moment Présent.
Nous nous éloignons du Soi.


La souveraineté intérieure s'établit dans le Soi, dans la Présence,
au-delà de toute agitation mentale.


Nous avons besoin de notre mental pour vivre sur ce monde,
pas pour être ce que nous Sommes.