L'ÉPHÉMÈRE
INTRODUCTION Nous vivons dans un monde de projections où tout ce qui existe, tout ce que l'on crée à un cycle de vie. Les civilisations du passé vivaient sur une échelle de temps bien différente de la nôtre, raison pour laquelle elles s'échelonnèrent sur des millénaires. Plus nous avançons dans le continuum espace-temps, plus le temps tend à s'abréger. Et plus le temps va vite, plus nous courrons pour le rattraper. Les gens très occupés disent ne pas voir les années, les mois et les jours passer. Ce qui apparait un jour disparait un autre jour. Ce qui se passe en un moment donné trépasse en un autre moment. L'éphémère rend l'homme perplexe, raison pour laquelle il s'identifier d'emblée aux choses qui revêtent une façade intemporelle et absolue. Or, les religions se prêtent parfaitement à cette escroquerie en sacralisant tout leur environnement, soit leur prophète, leurs dogmes, leurs enseignements, leurs terres, leur histoire, leurs monuments, leurs accessoires, etc. Si tant est que, quiconque ose remettre en question ces valeurs sacralisées et figées dans le temps depuis des millénaires, provoque chez les croyants des traumas d'une profondeur telle qu'il ne semble pas y avoir de châtiment assez sanguinaire pour assouvir leur sentiment d'indignation.
L'ÉVANESCENCE DE LA VIE ET DES VALEURS Et pourtant, absolument tout est périssable sur cette terre en commençant par la vie elle-même. Nos jours sont comptés, nos joies comme nos peines arrivent un jour à la saturation de ce que nous pouvons vivre. Nous fantasmons à vivre quelque chose d'autre, de nouveau, d'intense, voire un départ vers un nouveau cycle, bien qu'éphémère. Nos vies comme nos valeurs sont le produit de l'éphémère, raison pour laquelle nous ignorons qui nous Sommes et ce que nous faisons vraiment. De fait, nous sommes indécis devant les décisions importantes sans savoir ce qui nous convient vraiment. Le simple fait de consulter un spécialiste ou un médium dénote un doute quant à ce que nous Sommes, quant à notre gouverne, quant à notre avenir. C'est seulement au terme d'une vie, après un long désillusionnement que l'on commence timidement à s'interroger sur le sens réel de cette vie, sur nos valeurs qui peine à passer d'une génération à l'autre, à défaut d'un rejet total.
CE QUI EST IMMOBILE EN NOUS Comment pouvons-nous nous diriger dans la vie et savoir ce qui nous convient si, au point de départ, nous ignorons qui nous Somme? Si nous prenions davantage conscience qu'il y a quelque chose de subtil en nous qui demeure invariable en présence du changement, nous serions probablement beaucoup avisés dans nos choix et dans l'orientation de notre vie. Cette Présence immobile, stationnaire, qui n'est même pas affectée par l'expérience, est le Soi. Cette conscience subtile qu'est le Soi sert de point d'ancrage dans un univers étourdissant où tout est mouvements et éphémérité. Celui qui ignore sa nature profonde est en périphérie de lui-même, ne sachant sur quel pied danser, naviguant au gré des tendances sociales et des influences du milieu. Il cherche constamment dans le cerveau des autres les principes de son développement, et dans le regard des autres, sa vérité. Vu sous un autre angle, il est facilement manipulable, volage, pour ne pas dire un produit de l'éphémère. Au contraire, celui qui est dans le Soi est beaucoup plus stable du fait qu'une partie de lui-même demeure en retrait de ce monde. Son point de vue passe facilement du «je» au Soi et inversement. Il est beaucoup plus observateur sur ce qui se passe, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de lui. Il laisse le plus souvent passer les choses tout en intervenant que très rarement. Il jouit d'une grande stabilité et semble imperturbable.
LE POTENTIEL DU SOI Tout ce qui n'est pas éternel est éphémère. Tout ce qui passe trépasse, à l'instar de toute vie sur terre. Or, il existe une dérogation à cette loi universelle si bien que, lorsque la conscience se retourne vraiment vers la Lumière, un horizon de tous les possibles se dévoile reléguant l'éphémère tout ce qui n'est pas Soi. Le Soi est la seule réalité cosmique chez l'homme qui jouit d'un réel potentiel d'immortalité. Le retournement vers la Lumière est le mouvement de la conscience en regard de sa Source, un feu sacré qui n'a rien avoir avec la foi de masse issue de la croyance religieuse qui, dans bien des cas, ne sert que de subterfuge à une bonne conduite.
CONCLUSION Bien que nos vies soient éphémères tout en se résumant à peu de choses, un Fragment divin habite toute personne moralement consciente d'elle-même, indépendamment de la culture, de la religion et du niveau intellectuel. Ce fragment Éternel et Absolu occupe la sphère de la supraconscience située derrière l'observateur. Il est la Source de notre gouverne intérieure et de l'expectative du Retour à la vie Éternelle. De surcroit, le retournement de l'âme vers la Lumière élève l'âme à la dignité de candidate à la survie. Toutefois, seule la fusion avec le Divin intérieur confère l'immortalité chez les êtres ascendants. Où qu'elle soit la conscience dans l'éphémère, seul son Retour délibéré dans la Lumière et la Vie produit le miracle convoité de tous les temps, soit celui de l'immortalité. Yvon Gagné
L'éphémère est un piège pour l'âme
Quel que soit le bonheur pouvant côtoyer les instants de ta vie,
La foi vivante émane du fait que la partie extrêmement
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