LE MOMENT PRÉSENT



INTRODUCTION

Depuis plusieurs années, beaucoup de choses ont été dites et écrites sur le moment présent, à l'instar de Eckhart Tolle. Toutefois, il est toujours possible d'apporter notre touche personnelle en regard de nos expériences en méditation et de notre vécu en ce domaine singulier.

Il va sans dire que la plus grande difficulté à s'établir dans le moment présent est sans aucun doute notre activité mentale qui s'est développée dans des efforts constants, depuis notre enfance à sortir, ou du moins, à s'éloigner du moment présent par notre mode d'éducation axé sur la performance.

Ce faisant, un transfert du Soi à l'égo s'effectue lentement, de l'enfance à l'adolescence, à un point tel que nous finissons par oublier qui nous Sommes au plus profond de nous-mêmes. Il est alors difficile de recouvrer notre identité native qui, en plus, est constamment submergée par la quête de nouvelles identités fonctionnelles et par notre propension à s'identifier à ces dernières.


l'OMNIPRÉSENCE DU MENTAL

Bien que le mental revêt une très grande importance pour évoluer en notre monde très intellectualisé, il nous est d'aucune utilité pour entrer en soi-même afin de dévoiler notre véritable nature. À vrai dire, il est devenu le principal obstacle. Effectivement, le simple fait que la conscience puisse s'opposer au mental pour le ralentir n'a pour effet que de le renforcir dans ses positions. Le mental est carrément invincible sur son propre terrain qu'est devenu l'égo. Il faudra donc user d'une approche vraiment subtile pour déjouer son système de défense.

De manière à illustrer cette approche, ne nous est-il jamais déjà arrivé d'observer une personne ivre se parler à elle-même sans que personne ne lui porte la moindre attention? Après un certain temps, elle finit par se fermer la trappe du simple fait que la dispute virtuelle dans laquelle elle s'est engagée n'est pas alimentée par les regards et les réactions des autres. Privé de toute forme d'interaction, la personne finit par s'épuiser pour ensuite se taire, pour ne pas dire s'endormir.

La même ruse d'indifférence et de neutralité doit donc être employée pour désamorcer le mental se comportant le plus souvent comme une machine à penser. Il s'agira, dans nos périodes d'alignement, de ne plus l'écouter, de ne plus lui répondre, et surtout, ne plus lui accorder aucune attention, aucune importance. Avec le temps, il finit par lâcher-prise, par se taire et devenir de plus en plus silencieux. Nous ne connaissons pas d'autres solutions qui donnent de bons résultats.

En aucun cas, il ne faut manquer de patience, forcer le mental à se taire, car ce sera pour lui un prétexte à interagir. La ruse est justement de ne pas interagir, de ne pas l'alimenter, de ne pas le soutenir en aucune sorte. C'est la chose la plus importante à retenir et nous n'insisterons jamais assez sur ce point. L'expérience nous démontre également que les choses négatives alimentent beaucoup plus le mental que les choses positives, raison de plus pour redoubler de vigilance en de telles situations.


LES DISTRACTIONS

De surcroit, il faut éviter, lorsque nous sommes seuls, de fuir systématiquement le moment présent par toutes sortes de distractions bien connues, comme la radio, la télévision, et maintenant les téléphones portables.

Pire encore, il y a toutes les drogues disponibles, et dieu sait jusqu'à quel point nous pouvons devenir accros à toutes ces évasions en vogue qui n'ont pour effet que de détourner systématiquement la conscience vers toutes sortes de projections évasives et sans issu. Nous n'avons qu'à observer en soi et dans la société toutes les réminiscences sur le mental qu'occasionne une telle pollution psychique.

Une étude sur la méditation indique que notre mental génère plus de 60 000 pensées par jour et que 95% de celles-ci sont identiques à celles de la veille, de l'avant veille, et ainsi de suite. Et comme si ce n'était pas assez, 80% de ces pensées sont négatives. À la lumière de ces données, il est normal que nous soyons épuisés à la fin d'une journée, qu'il y ait autant de dépression et d'épuisements physiques.

À l'inverse, la méditation régulière ouvre la conscience au sein d'un présent plus large, plus profond et plus silencieux, dégageant l'espace nécessaire à la distanciation et l'observation des pensées si nécessaire à une certaine libération intérieure. Cet exercice maintes fois répété n'a d'autre effet que de dévoiler la Présence intérieure, également appelée le Soi ou «Je suis». C'est alors seulement que l'on commence à entrevoir que les pensées ne proviennent pas de ce que nous Sommes en Vérité, mais du mental seulement. L'exercice vise donc à libérer le Soi du dicta du mental.


CONCLUSION

Le fait de vivre vraiment le moment présent pendant seulement quelques minutes régulièrement est le marqueur signifiant que nous nous sommes trouvés. C'est le début de l'éveil intérieur à une spiritualité authentique reposant sur la véracité du Soi et non sur des élucubrations théologiques, philosophiques et morales. Vivre le moment présent signe le passage du psychique au Vibratoire, de l'égo au Coeur, du superficiel à la profondeur, de la croyance au vécu, du virtuel à la Réalité.

D'ailleurs, plus rien d'autre n'est réel dans le moment présent que la Présence «Je suis». Tous les artifices de la vie s'écroulent lorsque l'on trouve ce que l'on Est. Le passé comme le futur, le savoir comme les croyances, le questionnement comme les recherches s'estompent momentanément au Centre, au Cœur de notre sanctuaire intérieur.

Il nous reste donc qu'à être Soi! Il n'y a plus rien à faire, nulle part où aller, rien d'autre qu'à Être, pour reprendre l'expression «je Suis ce que je Suis». La vraie Liberté, celle que tout le monde cherche éperdument dans toutes sortes d'évasions se découvre étonnamment dans l'ineffable Présence intérieure.

Yvon Gagné


Tu n'es maitre de rien tant que tu n'es
pas maitre de toi-même.


Si tu tiens à devenir vraiment authentique, essaie au
fond de toi-même d'Être tout simplement.


Que ce soit dans cette vie ou dans l'au-delà, l'être n'emporte que
ce qu'il a trouvé, encore faut-il qu'il se soit trouvé!