LE BIEN ET LE MAL



Le concept du bien et du mal a progressé lentement chez les hommes primitifs comme régularisateur des rapports entre les membres d'une même tribu. Parallèlement, cette normalisation fut adaptée de manière à s'harmoniser avec les esprits de la nature. On croyait d'emblée que les orages, les tremblements de terre, les feux de forêt, les inondations, et même les lunes noires, étaient dus à l'irritabilité du grand esprit grognant les hommes pour leurs mauvaises conduites. Corolairement, le bien fut récompensé et le mal punit tant au niveau de l'autorité tribale qu'au niveau des fluctuations de mère Nature.

Plus tard, des extraterrestres débarquèrent sur terre et s'arrogèrent le titre de dieux du ciel et de la terre. Le transfert d'autorité morale depuis la nature vers ces dieux fut naturel tant la propension des hommes était grande à se soumettre à l'autorité de ces géants considérés comme supérieurs.

Les plus vieilles religions du monde relatent dans leurs bibles des êtres belliqueux venus d'ailleurs, se faisant des guerres fratricides entre eux avec des technologies dépassant des années-lumière l'imaginaire des hommes de l'époque. Les guerres furent même galactiques en raison de l'appropriation des systèmes solaires et de la main mise sur les planètes. La lutte entre le bien et le mal est mythologique et légendaire, tant sur terre que dans les cieux. L'expression contemporaine «guerre des étoiles» évoque assez bien ce qui s'est passé en ces temps historiques.

Par la suite, les religions fondées par ces envahisseurs de l'espace ont vite pris le relai pour imposer leur moralité duelle (action-réaction) en tant qu'autorité divine. C'est à dire, que les actions sont toujours en réaction à quelque chose venant de l'extérieur, que ce soit en bien ou en mal. Comme il fallait s'y attendre, ce concept explosif a servi de prétextes aux interminables guerres et aux disputes incessantes entre les hommes.

De façon légitime, nous croyons toujours avoir raison depuis notre propre point de vue. Chacun est en droit de faire le mal s'il peut justifier que sa cause est moralement juste et bien. Même aujourd'hui, les guerres saintes et les guerres préventives tablent encore sur ce discours. Le terrorisme comme la vengeance mettent bien en évidence cette dualité action-réaction.


Sur le plan religieux, la très grande majorité des révélations et enseignements répandus sur terre proviennent de ces soi-disant dieux de la préhistoire. Depuis bon nombre d'années, nous assistons à des apparitions et à des messages provenant de la dimension astrale, sphère de projections hallucinantes truffée de faux-semblants aux allures mielleuses de sainteté, de maitres ascensionnés, prodiguant une moralité le plus souvent culpabilisante (péchés, punitions, repentances, ciel, enfer, etc.), le tout empreint d'une évocation apocalyptique.

Comment espérer trouver la paix et la sérénité, comment élever notre taux vibratoire en plaçant la peur comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes? Combien de croyants ne peuvent quitter leur enfermement de peur d'aliénation spirituelle, de crainte de ne plus faire partie du peuple élu lors d'une éventuelle fin du monde. Le bien et le mal, le péché, la peur, le ciel et l'enfer, sont de réels enfermements pour ces âmes en quête de sécurité et d'approbation spirituelle.


Le bien et le mal sont des produits de la dualité propre aux mondes enfermés, séparés et coupés de la Lumière. Ces énergies denses n'existent pas au niveau des sphères unifiées du cosmos et sont inconcevables en ce qui à trait à la nature divine de la Déité. Quelle supercherie que d'avoir maintenu l'humanité sous le dicta d'un dieu courroucé et vengeur dont l'humeur dépendait de la bonne conduite des hommes.

Il est déplorable que si peu de grandes révélations libératrices nous ont été parvenues des plans de Lumière où l'approche de la divinité intérieur prime sur les aspects moraux de la vie, où le Soi est évoqué comme le siège de la conscience spirituelle. Pour autant, les parcelles de vérités qui nous sont parvenues ici bas ont été mises à l'index ou déformées en croyances, puis détournées dans l'enfer de la dualité.


À défaut d'atteindre les états de transcendance mystiques, le Soi est le premier niveau de conscience où la dualité se dissout dans la Lumière. Il existe donc une mystique qui permet de nous rapprocher de ce que nous Sommes en Vérité. Mais, toute tentative de rapprochement de notre Être essentiel tourne le plus souvent au cauchemar par peur des espaces sombres qui nous distancient de ce que nous Sommes vraiment. À défaut de vivre notre Vérité, nous nous tournons généralement vers les aspects philosophiques, historiques et intellectuels de la religion ou dans les études ésotériques, trop souvent asservis par une moralité dogmatique et par des drames rituels récurrents.

Pour ceux et celles dont le seul fondamental est de découvrir ce qu'ils ont perdu, leur Vérité, découvrent par la méditation l'aspect premier de leur Être, le Soi. Puis, graduellement, ils passent de la rigidité mentale à la sensibilité de Cœur. Ces dévoilements s'effectuent dans le sanctuaire intérieur sans autre influence que leur Soi baignant dans la vacuité de l'Esprit divin.

Il s'avère que la vérité la plus importante à éveiller en chacun de nous est, sans aucun doute, notre filiation divine, pour employer une autre terminologie. Depuis notre contrepartie spirituelle, nous sommes Lumière, Amour, Vérité, pour ne pas dire Absolu. L'être en incarnation n'est autre chose qu'une projection errante de la conscience, qu'un personnage en herbe, qu'une illusion bien entretenue, conséquences liées à la séparation, à la fragmentation et au détournement de sa Réalité cosmique et divine.


Voilà donc l'élévation de conscience à laquelle nous sommes tous interpelés en regard des grandes transformations terrestres en cours actuellement. Nous avons vraiment la possibilité de sortir du grand cycle karmique auquel nos âmes pataugent depuis des milliers, voire des centaines de milliers d'années dans certains cas.

Or, la plus haute expression de Bien est présente uniquement dans le for intérieur et la radiance de chacun de Nous. Voilà toute la différence entre le bien initié par le mental et les émotions en regard de celui émanant du Cœur.

D'ailleurs, faire la Volonté du Père n'a jamais relevé de la volonté humaine. Il s'agit plutôt de laisser libre-cours à notre Essence divine, de laisser agir l'intelligence de la Lumière en nous. Dans le feu de l'action, la volonté humaine se substitue toujours à la Volonté divine. C'est seulement en nous abandonnant à la Lumière qu'il devient possible de faire la différence entre notre volonté égotique et celle de la Présence divine, puis d'en faire la différence.

Il appert que le bien provenant d'un milieu duel et dichotomique, à l'instar du mental, se manifeste dans la controverse tout en engendrant son contraire, le mal. D'autre part, le bien émanant de l'espace sacré du Cœur se dévoile dans la Lumière sans pour autant générer son ombre. Les notions d'amour inconditionnel et de non-violence illustrent bien ce grand principe divin.

Yvon Gagné


Saint Augustin aurait résumé cet article en ces mots:
«Aime et fait ce que tu veux».


Le bien et le mal sont toujours justifiés par de bonnes raisons. Toutefois,
il suffit de retenir que la pensée n'est jamais neutre.


Il n'est pas possible de résoudre les différends entre le bien
et le mal avec l'esprit qui les a créés.