LA MÉDITATION
(Troisième essai)



INTRODUCTION

Nous allons consacrer ce troisième article sur la manière d’appréhender le mental dans la méditation. Ainsi, connaitre les points forts et les points faibles du mental nous aidera à mieux composer avec ce dernier, non seulement en méditation, mais en tout moment de notre vie.

Il va sans dire que la méditation est l’exercice par excellence pour observer et transcender le mental. Nous verrons qu'une approche subtile et bienveillante aura de meilleurs résultats qu'un affrontement direct avec ce dernier.


L’AUTONOMIE DU MENTAL

Le mental est une fonction indépendante de la conscience humaine. Le mental agit donc de lui-même dans le quotidien sans autorisation de notre part. Il suffit de l’observer quelque peu pour constater l’ampleur de la situation. Il vaut mieux le laisser agir de la sorte dans les moments ordinaires de la vie, car toute tentative de le combattre n’aura pour effet que de le renforcer.

Sur le plan moral, le jugement s’inscrit également dans le mental de manière à peser et soupeser le bien et le mal. Il ne faut pas s'étonner du fait que les religions se maintiennent dans une dualité perpétuelle.

Dans les faits, les mouvements religieux construisent en permanence des conduites, des règles à observer, émanent invariablement de leurs croyances comme des limites à ne pas franchir. Par voie de conséquence, que nous soyons seuls ou en communauté, nous ne pouvons jamais nous élever au-delà de nos limites tant que celles-ci demeurent le produit de notre mental.


LE PIÈGE DU MENTAL

Le mental est fait pour agir en ce monde. Mais dès l’instant où il n’est plus question de ce monde, du moment où nous retournons notre regard vers l’intérieur afin de nous rapprocher de l'essence de notre Être, le mental nous est d’aucun secours. Bien souvent, il se dresse en obstacle majeur à cette découverte. Or, la vraie difficulté réside sur la manière de passer du mental au Soi.

Enfermement oblige, ce gendre de sujet n'est jamais abordé pour la simple raison que le mental ego déteste se remettre en question. Pour quelle raison le mental plaiderait-il contre lui-même. Il est même inscrit dans notre Code civil que «nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude». Spirituellement, nous sommes donc piégés par le mental de telle sorte qu’il ne nous permettra de sortir de ce à quoi il nous fait croire.

Autre exemple, l’ésotérisme nous enseigne comment fonctionner adéquatement à l’intérieur de notre enfermement cosmique et planétaire, mais jamais il ne nous permettra de nous libérer de cet enfermement, de cette mise en scène faisant office d'illusion.


SE DÉGAGER DU MENTAL

Connaissant l’omniprésence du mental dans nos vies, nous devons adopter une approche subtile de manière à le subjuguer par une pratique qui lui est complètement étrange. Cette approche est une observation soutenue de la part du Soi. Tout en laissant le mental vaguer à ses de pensées coutumières, observons-le attentivement. Première chose qui se dégage, le mental n’aime pas se faire dévisager de la sorte. Il va se tapir jusqu'à ce que la vigilance de l’observateur se laisse à nouveau distraire par de nouvelles pensées. Bref, la conscience est Lumière et rien ne résiste à la puissance de l'observation, de la Présence et de la distanciation.

Nous observons un autre principe selon lequel dans la méditation, la vigie et la pensée fonctionnent séparément et par alternance. L'un est immobile, l'autre est mobile. Tout bien considérée, l'observation soutenue renforce la position d’observateur tout en permettant d'accéder à une certaine transcendance, tant sur le corps que sur le mental. Ainsi, l'immobilité du Soi favorise la maitrise de la psychée, et par l'effet même, une plus grande liberté envers tout ce qui nous entoure.


CONCLUSION

Cet article reconnait les aspects créatifs du mental tant dans les domaines de la communication que dans les réalisations personnelles. Ce qu’il tente de faire ressortir c’est que nous ne Sommes pas ce que le mental essaie de nous faire croire.

Bien que nous nous identifions à notre corps, à nos pensées, à nos sentiments et à nos réalisations quelles qu’elles soient, la transcendance obtenue dans la méditation profonde laisse présager notre essence divine comme une Vérité située en amont de notre Être. Si seulement nous parvenions à percevoir, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, le rôle insignifiant de notre mental en regard de ce que nous Sommes sur les plans supérieurs, nous serions beaucoup plus enclins à circonscrire ce mental à l’intérieur de sa propre sphère d’activité.

Ultimo, nous Sommes beaucoup plus qu’une simple entité déambulant ici-bas. Nos consciences sont des projections depuis l'Absolu faisant l’expérience du Soi dans les univers temporels. Bien qu'inconscients, nous sommes de réelles Présences immobiles unifiant constamment les tendances éparpillées de nos personnalités égarées. Enfin, nous Sommes des observateurs tentant de démasquer l'imposture dans laquelle nous vivons.

Yvon Gagné


La paix ne peut s'accommoder d'aucune tension
entre le Soi et le mental.


La vie telle que nous la connaissons n'est que projections n'ayant
aucune substance dans les royaumes supérieurs.