ÊTRE OU NE PAS ÊTRE



INTRODUCTION

Cet article n'aborde pas l'aspect essentiel et absolu de l'Être, bien que ce soit la seule réalité pouvant libérer la conscience de toute empreinte matricielle liée à notre enfermement. Toutefois, nous abordons l'Être sous l'expression du Soi en contrepartie avec ce qu'il n'est pas.

Être ou ne pas être. Voilà l'un des plus grands questionnements d'ordre philoso-phique interpellant l'Être dans son fondement existentiel: qui suis-je? La personne devient muette devant une telle interrogation du fait qu'aucune réponse ne se trouve en son corps, en ses pensées, en ses antécédents, en ses relations, en ses connaissances, en ses compétences, et encore moins en ses avoirs.

Qui suis-je ne trouve sa résolution que dans le Soi au regard de sa Source. La pensée ne peut donc qu'effleurer cette question pour la simple raison que le mental ne peut saisir le Soi. C'est pourquoi tout questionnement au sujet de l'Être ne gravite qu'autour des aspects intellectuels et illusoires du «moi».


ÊTRE

L'Être n'est vraiment authentique que lorsqu'il est Soi. C'est une Présence consciente d'elle-même en retrait de l'activité du mental, de la séparation et la dualité de l'ego. Ainsi, lors des moments d'alignement, le Soi jouit d'une libération momentanée du temps dans l'unicité de son Être: «je suis un». Le problème vient du fait que quand le mental se met à penser, la conscience sort de l'instant Présent et entre dans le jeu de la personne. De ce fait, l'Être n'est plus totalement ce qu'il est par un jeu de projections et d'illusions. C'est ainsi que l'observateur disparait en raison de l'adhésion à son personnage.

Cela nous amène donc à aborder la transition du Soi à la personne au même titre que l'artiste est plus ou moins conscient de la transition en son personnage acté en montant sur scène. Donc, toute la difficulté vient du fait d'être vraiment soi-même en milieu sociétal ou dans quelques relations que ce soit. Il y a donc un passage, une transition, consciente ou inconsciente du Soi à la personne, ou en tous autres aspects de la personnalité.

Attendu que le glissement du Soi à la personne transforme l'être dans ses relations avec le monde extérieur, il n'en demeure pas moins que le Soi transparait vraiment dans une relation sincère. Il se dégage habituellement une impression d'authenticité ou de fausseté des personnes avec lesquelles on communique.


NE PAS ÊTRE

À défaut de parler de la mort, l'expression «ne pas être» est souvent l'impossibilité de la conscience de se montrer tel quel, face à elle-même ou face aux autres. Cela l'oblige constamment à faire usage de simulacres, à se comporter d'une certaine manière, à mimer des états d'âme de manière à projeter une image bienveillante, voire même ostentatoire, afin de dissimuler une gêne, quand ce n'est pas un mobile obscur. Il va sans dire que les manipulateurs et les escrocs font un usage sans modération de ces subterfuges.

Aussi difficile que soit, à certains moments, de discerner l'être de ce qu'il n'est pas, une petite phrase a été dite par un grand Maitre à cet égard : «vous les reconnaitrez à leurs fruits». Dans le même esprit, «un masque ne peut tenir longtemps en présence régulière de la même personne.»

Quoi qu'il en soit, une personne dévoilera tout ou tard sa signature par des dires ou par des comportements irritants, par des prédations répétées envers autrui qui révéleront les troubles de sa personnalité multiple, conséquence évidence d'une rupture définitive avec le Soi. Il s'agit donc de porter une attention particulière à ces indices afin d'éviter toute mésaventure.


CONCLUSION

L'énoncé «Être ou ne pas être» interpelle, dans un premier temps, la conscience dans son authenticité et sa Présence en regard des faux-semblants de la personnalité. «Être», fait donc référence au Soi. «Ne pas être», émane du fait que la conscience est identifiée à son personnage laissant transparaitre un sentiment de séparation et de coupure avec la vérité de son Être.

Dans la mesure où l'on se détourne du Soi, l'Être perd en authenticité pour finalement s'identifier à son corps et à son personnage illusoire. Nous assistons donc à l'insidieuse et imperceptible transition du Soi à l'ego, de l'observateur à celui d'acteur, de l'Être en ce qu'il n'est pas.

Pour conclure, Être ou ne pas être évoque les mouvements de la conscience dans des directions diamétralement opposées. L'une vers l'intérieur répondant à l'appel de la Lumière, de l'Être et à la réalisation du Soi, l'autre vers l'extérieur participant à l'illusion des sens, aux projections qui donnent à jouer un rôle éphémère, voire à l'opposé de notre véritable nature.

Yvon Gagné


Tu ne peux pas être dans la Vérité si
tu n'es pas vrai avec toi-même.


Les désillusionnements sont fréquents et nécessaires
afin d'offrir la possibilité de renouer avec
l'Être, la Présence en soi.


Le silence te renvoie à l'évidence de toi-même.
C'est dans ces moments que tu décides
d'Être ou de ne pas être.