CHERCHE ET NE TROUVE PAS



Depuis bon nombre d'années, tout le monde est en quête de repères moraux et spirituels. Ne somme-nous pas dans une impasse évolutionnaire où toute tentative de s'accrocher à quelque chose de permanent s'écroule? Les institutions religieuses, politiques et économiques ne sont plus des références en matière d'intégrité, et à plus forte raison, nous ne faisons plus confiance en personne.

Il faut toujours se rappeler que nous vivons dans un monde d'illusions, et que nos sociétés et nos institutions sont construites sur des projections, sur des échafaudages intellectuels, sur de faux semblants, sur des mensonges bien souvent, et plus encore, sur une illusion collective prétentieusement maintenue à titre d'élite, de rêve américain, de peuple élu, de religion choisie de Dieu, de supériorité raciale, et nous en passons des meilleurs.

Alors, il ne faut pas se surprendre que le rendu soit éphémère, rapide, creux, vide de sens et séparation. Une très grande part des produits que l'on achète à grand prix ont une obsolescence programmée. Nos prévisions à cours et moyen terme ont à peine à tenir la route. Bien souvent, les solutions apportées à nos problèmes se résument simplement à les étaler dans le temps, à l'instar de nos dettes. L'égo, étant le fruit de ces illusions, poursuit son chemin sans trop se questionner.


L'univers spirituel est un monde de Lumière régnant bien au-dessus de notre dimension faite de projections et de rêves. Entre autres, il y a un aspect de nous-mêmes qui vient de ce monde subtil que l'on appelle «l'observateur». Arrêtons-nous quelques secondes et posons-nous les questions: «Qu'est-ce qui observe?» «Qu'est-ce qui est derrière les pensées et les sentiments?» «Qu'est-ce qui est tapi derrière la personnalité?» Et pour finir, «qu'est-ce qui demeure immobile dans le moment présent si ce n'est le Soi ou le «je Suis?». À vrai dire, le seul questionnement existentiel de tous les temps demeure «qui suis-je?»

Nous ne pouvons pas nous voir soi-même à ce niveau de réalité et ce que nous Sommes en tant qu'Être de Lumière n'a rien à voir avec ce que nous croyons être. Le seul travail à faire pour se rapprocher du Soi est d'observer et de réfuter tout ce qui n'est pas le Soi. À ce jeu-là, nous finissons avec le temps par infirmer tout ce qui n'est pas l'observateur. À la toute fin, il ne reste alors qu'une certaine vacuité intérieure que l'on pourrait appeler l'Espace silencieux de l'observateur, la Présence sans forme. Voilà donc ce que nous Sommes en tant qu'être incarné, rien de plus, rien de moins.


Voyons comment les fervents musulmans agissent dans leurs croyances. Plusieurs fois par jour, ils font leurs prières toujours orientées vers la Mecque. Ils font également un pèlerinage chaque année pour se rapprocher le plus possible de leur lieu saint. Eh bien, en faisant le même exercice, mais cette fois orienté exclusivement vers la Présence spirituelle à l'intérieur d'eux-mêmes, ils deviendraient plus qu'une religion parmi tant d'autres. On assisterait alors à un vortex de Lumière parcourant la terre entière.

Il en est de même pour toutes les religions. Nul besoin d'une boussole pour s'orienter vers son lieu saint. Nul besoin d'un GPS pour trouver son lieu de rituel, si ce n'est d'entretenir constamment des moments d'alignement intérieurs favorisant l'émergence du Soi.

Les plus grandes escroqueries des religions ont toujours été de projeter les consciences vers l'extérieur du Soi, sur les dieux, sur les autorités religieuses, sur les saints, sur les maitres, le tout cristallisé par des rituels, par des prêches, par des serments qui n'ont eu de cesses d'enfermer le mental dans le cercle vicieux de tant de croyances et d'identifications, le tout responsable des récurrentes divisions entre les croyants et l'émergence de pratiques religieuses sadiques.

Tant que nous n'avons pas résolu individuellement la question essentielle «qui suis-je?» nous ne pouvons voir clairement et discerner ce qui est et ce qui n'est pas. Toute tentative de trouver Dieu sans s'être trouvé soi-même au préalable, est vouée à l'errance au profit de toutes sortes de sacrifices et de théologies n'étant que croyances et aveuglement volontaire.


Ce n'est qu'une fois bien établi dans le Soi que nous devenons aptes à ne plus nous confondre, à ne plus jouer au jeu d'identification sur lequel notre monde trouble s'est construit, tout en continuant à y œuvrer silencieusement. Tous repères extérieurs, tous dogmes, croyances, théories et autorités religieux perdent graduellement leur emprise sur la conscience. En contrepartie, nous gagnons: liberté de conscience, liberté de pensée, liberté d'action, liberté de vie, et pourquoi pas fusion avec le divin habitant dans les dimensions supérieures de notre Être.

Il est du choix fondamental de chacun d'Être tout simplement, et non d'être ceci ou cela, d'être pour celui-ci ou celui-là. Le Soi n'est pas encore la partie extrêmement lumineuse et Absolue de notre être, mais établit la fondation permettant d'assoir l'expérience spirituelle et individuelle dans l'espace des vibrations supérieures de notre Être.

Yvon Gagné


La connaissance enseignée ne s’occupe que de l’ignorance intellectuelle.
Elle n’atteint jamais le Soi, siège du Savoir et du discernement.
La vraie Connaissance jaillie du Centre de l'être.
«Connais-toi toi-même et tu connaitras les dieux et l'univers»,
clamait Socrate à qui voulait l'entendre.


Le Soi privilégie toujours l'expérience directe
aux écrits imposés et figés de l'époque.


Être Soi, c'est vivre ce que tu Es,non pas ce que tu voudrais
être, et encore moins ce que tu as été.