LES ESCROQUERIES SPIRITUELLES



Les escroqueries spirituelles sont des simulacres, des mascarades prétendant nous conduire à Dieu, à combler notre vide intérieur, à nous libérer des problèmes existentiels tout en nous procurant un réel sens à notre vie. Nous ne pouvons pas être contre la vertu. Qui donc n'aspirerait pas à un tel épanouissement? L'escroquerie spirituelle tient de l'enfermement psychologique et spirituel dans lequel s'emprisonnent ceux et celles qui adhèrent à de tels mouvements.

À en croire les témoignages des personnes ayant réussi à fuir leur organisation, ils ont failli y laisser leur corps, leur âme, leur esprit, leur famille, en plus de tout ce qu'ils possèdent. Qui plus est, ils ont dû investir des années d'efforts en réadaptation mentale et émotionnelle de manière à réintégrer la vie en société.

Nous sommes bien souvent attirés par des mouvements dits spirituels par la séduction qu'ils exercent sur notre âme. Ils prétendent offrir une réponse à notre isolement spirituel, à nos aspirations d'âme, à notre désir de fraternité et à nos tentatives infructueuses d'établir une relation avec Dieu. D'autres sont approchés dans les moments les plus vulnérables de leur vie en leur faisant miroiter une sorte de filet de sécurité sur tous les plans. Ils se donnent donc au plus offrant tout en cheminant dans un encadrement strict par une sorte de procuration spirituelle.


Il y a quelques bons critères pour évaluer le degré de liberté et d'épanouissement à l'intérieur d'une religion ou d'une secte.

Par la facilité avec laquelle il est facile de quitter le mouvement.

Par l'absence de péché, de peur, de culpabilité, de superstition et d'angoisse apocalyptique dans les enseignements.

Par l'ouverture sur la société, sur le monde et sur le cosmos.

Par l'absence de soumission au mouvement ou à quelques serments d'allégeance que ce soit.

Par l'égalité homme/femme dans toutes les fonctions.

Par la saine relation qu'ils ont avec la sexualité.

Par le respect du libre arbitre.

Par des enseignements axés sur la réalisation du Soi et non sur gourou.

Comme nous pouvons le constater, les mouvements pouvant se qualifier sur la base de ces quelques critères sont rarissimes. Quiconque ayant navigué quelque peu à travers les doctrines spirituelles est en mesure de constater le principe suivant: là où les religions et les sectes commencent, là s'arrête les droits individuels, et davantage encore ceux de la femme.

Et cette règle s'applique aussi loin que nous pouvons remonter dans l'histoire de l'humanité, à quelques exceptions près. Nous transférons le Soi dans une appartenance à une religion; nous nous identifions; nous nous appartenons plus. Nous existons par procuration. Nous sommes manipulables à souhait.


La principale raison de ce constat est que les religions et les sectes sont avant tout des organisations de pouvoir au plus haut niveau. Les adeptes ne sont que des sujets reprogrammés de manière à entrer dans les rangs comme condition à leur salut. Derrière tout cela, il y a un puissant égrégore qui cimente les liens de tous les membres à l'organisation, et c'est la peur. Et cette peur peut être déclinée en appréhension d'être damné au cas où l'on déserte le mouvement, en crainte d'être corrigé, en angoisse du rejet, en hantise de ne pas être comme les autres, et pour en finir, en peine de mort dans les groupuscules extrémistes.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les religions ne spiritualisent pas et n'élèvent pas le niveau de conscience! Elles nous fatiguent plus qu'autre chose. Elles moralisent à l'excès la pensée en saturant l'intellect par un endoctrinement intensif tout en cristallisant la Psychée par de longs rituels récurrents. Elles enferment l'âme dans une sorte de dualité à fleur de peau: bien/mal, amour/haine, obéissance/peur, action/réaction, joie/tristesse, grâce/disgrâce, ciel/enfer, initié/profane, fidèle/infidèle, etc.

Tout ce déploiement de temps et d'énergie a pour effet de sceller leur enfermement et de les couper définitivement du monde extérieur. Même les mouvements dits mystiques ou philosophiques sont considérés comme sataniques.


Si tout le monde était bien informé sur le but ultime d'une véritable spiritualité, il n'y aurait plus de religion, plus de secte, plus de gourou, plus de maitre. Il y aurait, tout au plus, des artistes, des conférenciers, des instructeurs, des écrivains témoignant de leur vécu tout en ne cherchant aucune adulation de leur part ni aucun disciple.

En ce qui touche la spiritualité, ce que nous avons besoin de savoir au point de départ, c'est qu'il y a une Présence constante et immobile en arrière-plan du mental, qui a toujours été là, immergé dans l'instant Présent. Une Présence située juste derrière celui qui cherche. Il s'agit du Soi qui ne se manifeste pas d'emblée à la conscience, mais qui se dévoile lorsque la conscience se tourne vers l'intérieur et prend conscience d'elle-même.

Notre existence en tant qu'individu n'est qu'une projection de conscience de ce que nous Sommes en Abslou. Nous devons prendre conscience que nos vies, nos histoires, n'ont pas plus de substance que nos rêves, qui eux-mêmes ne sont que le prolongement de l'illusion collective. La seule raison d'être de la spiritualité est de favoriser l'éveil et la réalisation du Soi tout en soutenant le retour à notre Essence divine.


Le Soi est incompatible avec l'adoration des dieux extérieurs hérités de l'Ancien Testament, dont l'objectif fut de détourner la conscience vers l'extérieur de soi de manière que jamais nous n'allions à la rencontre de notre Vérité. Voilà la source de tous les conflits entre les religions adorant des dieux différents, leur donnant l'illusion qu'ils ont été choisis en exclusivité. Même aujourd'hui, après des millénaires de suspicion, le rapprochement entre les religions est toujours contre nature pour tous les croyants.

Le retour à notre Vérité, à la Source de nous-mêmes, est une alchimie qui ne se produit que dans l'intimité la plus profonde de notre Être. Et dans cette intimité, il n'y a rien d'autre que la conscience se miroitant sur elle-même laissant transparaitre la Présence du Soi.

Tant que la connexion au Soi n'est pas réalisée, les humains auront toujours besoin des religions intellectuelles et morales comme garde-fou, servant également de fausse sécurité à leur âme. Elles leur révèlent, tout au plus, ce qu'ils sont à l'intérieur de leur mouvement spirituel, raison de leur puissant sentiment d'appartenance. La prise de conscience de ce que nous Sommes en tant qu'Être spirituel relève à dessein d'une démarche autonome et hautement personnelle.

Et pourtant, la méditation et la réalisation du Soi sont si simples en regard du temps consacré aux rituels, aux prêches qui n'ont pour effet, le plus souvent, que d'alourdir le fardeau des âmes déjà surchargées par leurs responsabilité individuelles.

Yvon Gagné


Tu n'as rien à chercher à l'extérieur puisque tout est en Toi.
Il suffit de dévoiler l'Essence de ton Être
qui ne requière rien d'autre que ce que tu Es.


Si tu considères Dieu, la Lumière et l'Amour
comme extérieur à toi, comme une quête, comme une recherche,
tu ne pourras jamais les trouver.


La spiritualité comme la liberté et l'amour n'ont pas à être organisés.


Ramana Maharshi, maîtres de l'Advaita Vedanta en Inde, n'eut de cesse de dire
que nous sommes Absolus en essence et que le sens de l'identité et de
la personnalité n'est qu'un jeu d'illusions propre à la vie incarnée.

«La Vérité ultime est si simple. Ce n'est rien d'autre que d'être dans l'état de pureté
originelle. Il n'y a rien d'autre à dire. Pourtant, c'est extraordinaire qu'il ait fallu,
pour enseigner cette Vérité toute simple, qu'apparaissent tant de religions,
de croyances, de méthodes et de disputes entre elles. Quel dommage !...
Parce que les gens veulent des choses compliquées, attirantes et
époustouflantes, alors beaucoup de religions ont vu le jour,
et chacune est si compliquée, et chaque croyance dans
chaque religion a ses partisans et ses adversaires.»