LE SOI



Le Soi est la toute première chose à découvrir en matière de spiritualité. La raison est simple. Il s'agit de l'épicentre de la conscience situé en arrière-plan des pensées. Au réveil du Soi, le mental demeure éveillé, mais silencieux.

Le Soi est le phénomène selon lequel la conscience s'éveille en se reconnaissant elle-même depuis la supraconscience. Elle sait qui elle est et devient apte à s'assumer pleinement. C'est ainsi que nous devenons témoin du sens abstrait de notre identité, de notre Présence, de notre pouvoir volitif, mais aussi de la prédation incessante de nos pensées en tant que mirage et faux-semblants de la vérité. Chose assez particulière au sein du Soi, il n'y a donc plus d'interrogation en ce qui à trait à l'authenticité de ce qui est vécu.

Le Soi nous installe, en plus, dans le moment Présent, instants selon lesquels le mental devient immobile pour un moment. C'est dans ces instants privilégiés que se dévoile notre identité première évoquée plus haut, celle conférée à la naissance. Prendre pleinement conscience de notre identité native apaise tous besoins de quêtes identitaires orientées vers l'extérieur de soi, toutes velléités de faire quelque chose pour sortir de l'anonymat et Être. C'est ainsi que l'atmosphère du Soi confère une plus grande stabilité intérieure, une plénitude et une sérénité si essentielle au bon équilibre de la personnalité.


L'un des grands penchants que développent bien des personnes est de toujours s'identifier à ce qui se passe dans leur corps. Elles s'identifient à leurs pensées, à leurs émotions, à leur apparence, à leurs maladies, à leur passé, etc. Tous les évènements de leur vie sont ainsi pris de façon personnelle, quand ça ne devient pas une conspiration des éléments à leurs égards. En de telles situations, le Soi demeure en état latent et la conscience n'a d'autre choix que de se reconnaitre dans les circonstances fortuites de la vie.

Dans le cas salutaire où l'on s'installe dans le Soi, la perspective de la vie s'inverse. Le Soi nous place en observateur, donc en distance des évènements de la vie. Le principe est simple. Tant que nous observons, nous sommes plus ou moins affectés par ce qui se passe. Par exemple, si l'on a un mal de tête, la distanciation ne fera pas disparaitre le mal. Par contre, elle nous évitera de développer une douleur psychologique se surimposant à la migraine.

Combien de personnes se plaignent ainsi: «qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour mériter ça? Pourquoi ça arrive qu'à moi? Pourquoi moi? Quel karma ai-je à porter?» La grande différence avec celui qui est dans le Soi, c'est qu'il assume pleinement ce qui lui arrive en se distançant le plus possible de son corps et surtout de ses pensées. Comme on peut le constater dans cette histoire, deux personnes sont affectées par la même pathologie. L'un se sent victime de quelque chose et en souffre doublement, l'autre fait preuve de résilience.


Quand toutes les perceptions du corps sont atténuées dans une certaine vacuité intérieure, le Soi est présent. Cela s'explique du fait qu'il est une projection dans une densité vibratoire bien supérieure à celle de l'égo. C'est pourquoi le Soi est si indifférent envers l'univers extérieur, envers tout ce qui n'est pas Soi. Du seul fait de sa Présence, il unifie le corps, l'âme et d'esprit dans un état évoqué «je suis un».

Dans l'expérience spirituelle, il ne faut surtout pas confondre le Soi avec la Partie extrêmement lumineuse de notre être. Pour ce faire, plusieurs descriptifs lui ont été attribués dans différents ouvrages comme: le Noyau Immortel, la Parcelle de l'Éternité, la Présence Célestre, la Partie Divine, la Non-Soi, le Coeur de l'Être, la Source de l'Être, l'Ajusteur de Pensée, et bien d'autres encore.

Ces descriptifs sont une lumineuse alternative au mot Dieu qui réfère généralement à de très vieux stéréotypes dans le sillage d'une personnalité extérieure à nous-mêmes apportant abondance, protection, bénédiction et salut à une certaine élite de croyants, puis colère et damnation pour le reste de l'humanité qualifiée de profane, d'infidèle et d'athée.


Quelle bénédiction, quelle détente apporte l'idée toute simple où tous les êtres sont spirituellement égaux à la naissance. Ne sommes-nous pas tous dotés d'une vie, d'une intelligence, d'une conscience, d'un Soi et d'une âme à la naissance? La Présence Divine s'adjoint naturel-lement à l'âme suite à l'éclosion de la conscience morale de l'enfant, et ce, sans l'apport d'aucune instance religieuse.

Ce qui distingue spirituellement les êtres humains émane du fait que certains sont plus conscients que d'autres de leur Soi ou de leur Présence Divine. Ainsi, leur vie s'en trouve rehaussée, tant sur les plans éthiques, moraux que spirituels.

Yvon Gagné


Tout le jeu de la spiritualité devrait être centré sur le Soi
qui, une fois éveillé, part de façon autonome
à la quête de sa Source.


La connexion au Soi comme l'abandon du Soi sont des
gestes ultimes du Cœur ne requérant rien
d'autre que le silence intérieur.


Dans la sphère du Soi, le passé n'a plus de sens, le futur
n'a plus de direction. Ils ne sont qu'illusions nous
éloignant constamment du moment Présent.