LE RETOURNEMENT DE LA CONSCIENCE



La vie consciente, le sens d'être, voilà l'essentiel de ce que nous sommes en tant qu'être incarné. La conscience est une projection de notre Être essentiel depuis les sphères Absolues où chacune est, à l'origine, exclusive, autonome et apte à une expérience individualisée. Ses domaines de prédilections sont l'attention, l'observation et la vigilance. Elle est en plus dotée d'un libre arbitre lui conférant le libre-choix de ses fins intellectuelles, morales et spirituelles.

Il y a évidemment bien d'autres attributs inhérents à la conscience, comme la volition qui exerce des lignes de force sur la pensée et sur les énergies du corps, faisant office de volonté intérieure. C'est sur ce vouloir que repose l'autodétermination pouvant s'exprimer tant sur les plans de la motivation personnelle que sur la finalité de l'existence terrestre.

Sur le plan spirituel, la volition s'applique particulièrement à l'intégration et à l'unification de toutes les composantes de l'individualité, noble accomplissement symbolisé sous l'expression «je suis Un». Il est donc essentiel de bien comprendre que la conscience, en qualité de ses attributs transcendants, n'est jamais entièrement soumise à aucun destin, à aucune fatalité karmique ou à aucune autorité que ce soit. En d'autres mots, personne ne peut vraiment empêcher quelqu'un d'être ce qu'il Est.


La conscience humaine est aussi dotée d'une gouverne provenant de l'Esprit intérieur habitant la Psychée humaine. C'est effectivement cette Présence qui élève la conscience et les pensées bien au-delà de la religiosité, de la moralité et de la sagesse populaire.

En outre, lorsqu'un méditant parvient au Soi ou démontre une certaine profondeur spirituelle, la gouverne divine (faisant office de Volonté du Père) réoriente sa Psychée dans une volteface ultime concernant sa destinée spirituelle. On parle alors du grand retournement de la conscience vers sa Vérité intérieure, un vécu passant du désillusionnement au détachement, en passant par des sentiments de vacuité et de vide intérieur, voire les prémices de l'abandon du Soi.

De tout temps, un tel retournement été la voie spirituelle la plus directe, la plus saine et la plus libératrice pour l'être, bien que vraiment marginale rebutante pour le profane.


Il ne faut surtout pas confondre le retournement de la conscience avec le fanatisme religieux ou le zèle des sectes. La Gouverne intérieure n'envahit jamais le libre arbitre et, de grâce, n'est surtout pas derrière les voix intempestives prétendant se faire passer pour Dieu.

Les chemins de l'âme sont des chemins de connaissance illusoires propulsés par une grande soif d'expériences et d'affirmation de soi. Tant que la sensibilité du Cœur n'est pas dominante dans la vie d'un croyant, le tandem égo-âme demeure un potentiel explosif responsable du bouleversement de la vie de tant de personnes.

Or, la voie mystique met un terme à toutes ces escroqueries spirituelles tout en s'appliquant au désillusionnement de l'âme et de l'esprit, au silence intérieur et à l'état de Présence, passage étroit entre les deux mondes.


Il existe, de par le monde, des ashrams appuyant une telle conscientisation militant, en autres, en faveur de cette volteface de la conscience. De telles expériences ne découlent surtout pas des religions institutionnelles, mais de révélations provenant de Messagers remontant à la nuit des temps.

On distingue d'emblée ces enseignements par l'absence d'idéologie et de moralité, par leur nature hautement mystique, dont les assises reposent sur un vécu authentique de l'aspirant, et non sur de simples professions de foi, sur des adhésions intellectuelles et des participations à des rituels récurrents.

En Inde, il y a les enseignements de l'Advaïta Vedânta soutenant le dévoilement du divin en soi, ayant influencé des maitres enseignants, comme Krishnamurti, Nisargadatta Maharaj, Ramana Maharshi, Sri Auromindo, pour ne citer que ceux-là.

Il y a aussi l'incontournable voie de Bouddha, favorisant le réveil du sommeil, très répandu en Asie avec une percée en occident.

En occident, nous avons la voie christique : «Je suis le Chemin, la Vérité, et la Vie. Nul ne va au Père que par moi». Le Christ nous montre le Chemin qu'il a lui-même parcouru par une vie exemplaire et par un enseignement en marge de tout ce qui s'est dit sur terre avant lui: «Le Royaume des Cieux est en Vous».

Cet enseignement fait entre autres référence à la Partie divine située en arrière-plan de notre conscience, Présence dont l'accès confère la Vie éternelle.


Ces trois voies ne sont que quelques-unes parmi d'autres permettant à la conscience de se reconnaitre elle-même dans le Soi, pour ensuite s'effacer dans l'infinie Présence et se fondre dans la Source (Père).

Bien que l'ascèse, la philosophie, l'approche du Soi et du divin diffèrent quelque peu dans ces mouvements spirituels, ils ont en commun le grand principe du retournement de la conscience, non pas vers l'adulation ou l'adoration en une déité extérieure au Soi, mais vers une réintégration au sein de la Source dont le «je suis» en est la porte étroite.

Soyons bien conscients que la lutte malignement organisée entre le bien et le mal, entre l'ombre et la lumière, entretient la matrice depuis sa falsification. La seule façon de sortir de cette prison qui enferme nos âmes depuis des âges est de retourner nos énergies et notre conscience vers l'épicentre de nous-mêmes.

Tout compte fait, rien ne peut vraiment nous arriver sur le plan spirituel tant que nous ne nous sommes pas trouvés en Essence, en Vérité, en Vibration.

Yvon Gagné


Tu n'es déjà plus ce que tu es, dans le Soi,
dès que tu crois en quelque chose d'autre que toi-même.


Une âme peut tergiverser indéfiniment dans la mesure
où elle place sa gouverne en quelqu'un d'autre.


Tout le jeu de la spiritualité devrait être centré sur le Soi qui, une fois
éveillé, part de façon autonome en quête de sa Source.


C'est le retournement de la conscience vers l'Esprit qui inaugure la Vie éternelle
et non le sentiment d'appartenance à un égrégore spirituel.