LE DÉNI



Le déni est un stratagème de l'égo qui refuse de prendre en charge certains comportements tout en faisant comme si cette réalité n'existait pas, alors même qu'il la perçoit au fond de lui-même. L'image projetée de la personne peut devenir d'une importance telle que le Soi s'en trouve anéanti. Les problèmes de conscience sont ainsi verrouillés à double tour, raison pour laquelle l'égo peut mener sans difficulté plusieurs vies parallèles bien cloisonnées.

Par exemple, l'actualité nous dévoile constamment des athlètes nier publiquement, bec et ongle, leur consommation de drogues. En politique, les baratins à propos de la corruption sont légion. Il y a les églises qui ont toujours nié la pédophilie des religieux tout en cherchant constamment à éluder le problème. Même les pays auteurs de génocides pratiquent régulièrement le déni depuis une centaine d'années. D'autres enseignent que le génocide juif n'a jamais eu lieu. Et la liste pourrait ainsi s'allonger indéfiniment.


Le déni est principalement basé sur la peur du dévoilement de ce qui se passe derrière une façade bien maquillée. Il n'est pas facile de vivre avec des squelettes dans un placard, car la lumière tente toujours de s'immiscer dans les racoins les plus sombres d'un passé bien camouflé. Ce qui est appelé à disparaitre a peur de disparaitre. Ce qui est vrai, ce qui est réel n'a aucune raison d'être affecté par quoi que ce soit. Tant qu'il y a de la peur, le doute est présent, l'égo doit tout mettre en oeuvre, de façon ostentatoire autant que faire ce peu, pour couvrir ses arrières.

Rappelons-nous que nous nous sommes créé une bien drôle d'identité sur un vide spirituel béant. L'égo, avec tous ses faux-fuyants, vient principalement du désir de reconnaissance, du besoin d'exister, de s'affirmer, de se renforcer en dehors de son Essence divine. On assiste donc à l'identification à une identité illusoire, voire un éloignement du Soi, sans parler de l'occultation de notre Nature profonde, qui demeurera toujours hors d'atteinte. Il n'y a donc aucun havre spirituel pour l'égo à l'intérieur du sommeil dogmatique auquel il se complait.


Il appert que ce que nous faisons dans la vie a une signification hautement spirituelle accentuant un rapprochement ou un éloignement de ce que nous Sommes en Vérité. Il ne peut en être autrement, car nous Sommes à l'origine Absolus en essence. Notre projection dans le cosmos suite à l'émergence d'une conscience individuelle et finie eut pour effet de nous maintenir hors de l'Absolu avec des prérogatives d'expériences et de réalisation du Soi.

Il va sans dire que notre supraconscience fut nativement connectée à la Source d'elle-même, une Fontaine infinie de Lumière, de Clairvoyance, de Savoir et de Sagesse. Par analogie, les astronautes maintiennent nécessairement une communication continue avec leur planète d'origine, point d'ancrage et de ressourcement dans un cosmos illimité et inhospitalier, toujours sujet aux leurres et aux égarements sans fin.

Bien que notre enfermement planétaire soit responsable de notre coupure avec la Source, nous sommes toutefois les maitres d'oeuvre de nos vies, de nos allégeances, du sens que nous donnons à notre existence, voire la Présence ou l'absence à nous-mêmes.


Le plus grand déni de tous les temps a toujours été le reniement de notre Essence divine par l'incontinence d'un égo se croyant, loin s'en faut, tout-puissant et éternel.

De surcroit, exalté par la spirale du pouvoir, l'égo finira par se croire d'origine divine. Toute cette exacerbation égotique découle donc d'une soif d'appropriation des attributs de notre Êtreté le plan hautement spirituel. La mort sonne donc le glas à toutes les illusions de ce monde et renvoie à l'humanité le message maintes fois répété de l'éphémérité de la vie.

Tant qu'il n'y a pas effondrement de tout cet artifice, l'égo ne peut réaliser qu'il vit en porte à faux de son Soi, premier point d'ancrage de la Lumière et de la Vie conscience. Quoiqu'on n'en dise, quoi qu'on en fasse, rien est éternel dans cet univers temporel en dehors de la jonction avec notre partie divine.

Yvon Gagné


Le déni est un masque qui ne peut tenir longtemps
en présence régulière de la même personne.


Le déni est un simulacre de manière à détourner constamment
l'attention sur le comportement des autres. Il est
donc aux antipodes de la transparence.