L'ÂME



INTRODUCTION

Le sens donné au mot âme aujourd'hui est très large et englobe tout ce qui est animé sur terre. Cela part du souffre de vie allant jusqu'à la dissolution au sein du Feu de l'Esprit, en passant par toute une gamme de sentiments et émotions générés par le corps. L'âme a donc soif d'expériences et d'aventures en ce monde densifié ce qui, au départ, la maintient polarisée vers le monde et attiré par la matière.

Ainsi, l'âme revêt des expressions particulières dépendamment du niveau de vibrations auquel elle s'adonne. Entre autres, l'âme a besoin d'implication au sein de la matière, elle aime aimer au sens de la possession, et aime aussi détester ce qui l'inscrit, à l'instar de la personne, dans la causalité.


L'EXPRESSION DE L'ÂME

S'il y a des personnes qui exploitent toute la gamme d'expressions de l'âme, ce sont bien les artistes. Les chanteurs et chanteuses, les acteurs et actrices doivent obligatoirement exprimer tous les rôles allant du plus drôle au plus dramatique en passant par l'amour, la haine, la douleur, l'humour, la joie et la tristesse. Sans tous ces états d'âme, leur profession n'aurait pas lieu d'être.

Les sentiments religieux de ferveur, de prières, d'adoration et de contemplation sont d'autres états d'âme d'une tonalité particulière sur le plan vibratoire. Lorsqu'ils sont vécus authentiquement, ils dégagent une atmosphère de dignité, de sincérité et d'authenticité chez les personnes en recueillement.

Toutefois, l'âme étant profondément inscrite dans la dualité, ses attractions se transforment spontanément en répulsions en présence d'autres croyances et pratiques religieuses. L'intolérance de la foi démontre bien tout l'aspect duel de l'âme en mouvement. Tout bien pesé, l'âme croit toujours avoir raison depuis son niveau vibratoire.

L'expression de l'âme couvre également l'émerveillement devant l'immensité du ciel étoilé, en regard des oeuvres artistiques hautement inspirées, à l'écoute de musique favorisant les élans du coeur. Ultimo, la communion, la contemplation élèvent l'âme dans ce qu'il y a de plus noble en tant qu'expérience mystique.

Force est de constater que l'âme colorie la vie humaine offrant des projections et des expériences vibratoires en marge des principes érigés en maitre par le mental et de la monotonie occasionnée par la routine de la vie quotidienne.


LA RAISON DE L'ÂME

Souvenons-nous que la morale est la raison de l'âme. C'est ce qui incite le plus souvent la personne à adhérer à des croyances religieuses, à des histoires saintes, à des valeurs, à des philosophies, quand ce n'est pas à des concepts et à des idées qui n'ont de valeur que par l'autorité qui les maintient en place.

Étant constamment tournée vers le personnage, l'âme a besoin de voir le bien, le mal, le péché, le jugement en toute chose, en toute action, en toute circonstance, comme le laisse entendre les militants fanatisés. C'est également ce qui caractérise les religions du monde manier par les Écritures, considérant les non-croyants comme perdus et damnés. En définitive, moralité et dualité prennent bel et bien racine en l'âme elle-même.

L'ÂME EN EAU TROUBLE

Or, lorsque l'âme est dissociée du Soi ou de l'Esprit, elle est propulsée vers des expériences téméraires, sur des chemins d'âme illusoires qui, bien souvent, sont à la fois déraisonnables et décadents.

Lorsqu'il y a acharnement de l'âme, il y a persistance des désirs quels qu'ils soient; cela mène bien souvent au fanatisme et à la radicalisation. Entre autres, c'est dans la foi aveugle à un dieu strict, à l'élaboration de théologies et de doctrines dogmatiques, à l'adhésion à des moralités avilissantes, enfin, à l'échafaudage d'idéologies d'extrême droite que l'on assiste aux pulsions les plus impitoyables de l'âme.

Lorsque l'âme cède au fanatisme tout en outrepassant les vertus élémentaires de sagesse et de Cœur, elle devient terrorisante et sectaire. Au bout du compte, l'âme navigue souvent en eaux troubles, dans un monde de rêves et de convictions absolues toujours régi par la loi d'action et de réaction. Le principe d'action-réactions est une spirale qui se nourrit de cet adage: «tout ce à quoi tu t'opposes se renforce».


L'ÂME ET LA CONSCIENCE

L'âme n'est pas dotée d'une conscience dont la Source est Absolue. Sa conscience est issue d'une création conjointe entre le mental et l'Esprit au cours des âges, le tout caractérisé par une sensibilité émotionnelle se traduisant par une conduite particulière en incarnation.

Sur le plan volitif, l'âme n'a pas doté de pouvoir de réflexion, faculté si caractéristique de la conscience humaine. On se réfère plutôt à la douance, aux talents, aux mémoires, et bien souvent, à résoudre les imbroglios des vies passées façonnées de vagues réminiscences, de relations karmiques et d'affects posttraumatiques.

Incarné dans un monde enfermé comme le nôtre, l'âme porte en plus une mémoire bien spéciale, soit celle de l'enfermement s'exprimant par un enchevêtrement inextricable de vide intérieur, de nostalgie des temps passés ou de paradis perdu. Cela peut se traduire par des rêves répétitifs, par une impression de déjà-vu, par une affinité toute spéciale avec une autre personne, par un fort sentiment d'appartenance à une autre culture, par un appel irrésistible à une vocation, et bien d'autres encore. Tout compte fait, la mémoire de l'âme n'est pas linéaire comme celle du cerveau, mais la réminiscence d'un passé qui nous suit toute la vie durant.

Pour faire suite, la mémoire de l'enfermement est bel et bien enchâssée dans certains cantiques religieux de Noël évoquant sans filtre la détresse de l'âme dans des complaintes faisant office de «mur des Lamentations». On a qu'à se remémorer les paroles du «Minuit chrétien», du «Venez divin et messie», ou encore des litanies redondantes, ponctuées de supplications, qui réaffirment l'âme dans un sentiment de soumission à un sauveur extérieur qui manifestement se fait attendre depuis des millénaires. L'âme est d'une résilience sans borne. Or, les religions prétendant d'être le peuple élu font du temps un aveuglement inconditionnel.


L'ÂME ET L'ESPRIT

Les religions du monde mettent essentiellement l'accent sur l'âme. Dans les faits, elles ont toujours proclamé haut et fort l'immortalité de l'âme. Or, le statut d'immortalité qui lui a été ainsi conféré la place au centre du principe d'éternité ou de continuité d'une vie à l'autre. Cette croyance a vraiment servi de baume en présence des affres de la mort qui hantent les mortels. Comme toutes choses projettent une ombre en ce monde dual, cette diversion eut comme triste effet de faire oublier l'Esprit, qui seul est vraiment immortel. Même les émotions nourrissent l'âme aux dépens de l'Esprit, qui seul est réel.

L'âme, comme le corps, peut fonctionner avec ou sans l'Esprit. La très grande disparité d'êtres humains sur terre démontre bien que l'âme peut se détourner de l'Esprit et se déclarer foncièrement matérialiste ou antisociale. D'autres peuvent déchoir jusqu'à la démence.

Autre chose que l'on ne parle jamais, certaines personnes n'ont pas d'âme. Appelés portails organiques, ce sont des lignées d'êtres déchus qui ont dégénéré au point tel qu'ils sont coupés définitivement de l'Esprit. Ils sont comme l'ivraie dans la Bible qui a été semé à travers les plans de blé. L'Apocalyse selon Saint-Jean évoque également l'existence de ces personnes déchues: «.Et les habitants de la terre, ceux dont le nom n'a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie». En plus d'être nombreux en ce monde, ils sont très intelligents, mais superficiels et contrôlants. Ils lorgnent surtout les fonctions et les postes de pouvoir en ce monde.

N'ayant pas d'âme, ils n'ont aucune conscience morale. On les retrouve surtout dans la catégorie des psychopathes, des prédateurs, des pervers et des tueurs d'âmes. En outre, ils n'éprouvent jamais de sentiment de responsabilité, de faute ou d'imputabilité en quoi que ce soit. Tout compte fait, le lien entre la tête et le coeur de ces individus atypiques n'existe pas!

À l'autre extrémité du spectre cosmique, l'Esprit est une forme singulière de conscience. Étant Absolu et non manifeste, l'Esprit est parfait, immobile et Éternel, à l'image d'une flamme touchant les hautes sphères de la supraconscience, mais non perceptible à la conscience humaine.

La vie durant, tant que l'âme ne se retourne pas vers l'Esprit et ne s'identifie pas à ce dernier, elle conserve l'idée d'être une personne, colorant et polarisant de cette manière la personne tout au long de sa trame temporelle et illusoire.


L'ÂME ET SA FINALITÉ

Dans les univers enfermés, la vie de l'âme peut s'échelonner sur des milliers d'années, raison pour laquelle on l'a toujours crue immortelle. Bien que cette croyance ne soit jamais mise en doute, elle est surtout déduite en regard de l'aspect éphémère de la vie humaine. Au décours de sa prétendue pérennité, l'âme a bel et bien une finalité. Cette finalité va mettre un terme aux interminables va-et-vient du monde terrestre aux univers astraux, en passant par les passeurs d'âme.

Lorsqu'en cours d'incarnation, l'âme se lasse définitivement des illusions et des expériences de la vie terrestre, le Soi et l'âme, dans leur soif d'absolu, se prédisposent à un retournement vers l'Esprit de manière à s'abandonner complètement à la gouverne de la Lumière intérieure. Suite à une reddition complète de toute forme de volonté personnelle de la part du Soi, le Feu de l'Esprit amorce la consumation de l'âme.

Voilà donc le début de la fin du parcours de l'âme dont les mystiques appellent la «Nuit noire de l'âme», une longue période de désillusionnement précédant la «fusion avec l'Esprit». Il s'agit donc d'une étape difficile devant conduire à la Libération de la conscience, ou encore à la résurrection, comme suite à la mort du corps physique.


LA RÉSURRECTION

Que la Libération de la conscience survienne au cours de la vie, ou que la résurrection ait lieu à la suite de la mort physique, c'est l'Esprit immortel qui s'exprime directement dans l'Être sans aucune coloration d'âme. La résurrection devient la preuve indéniable que l'âme est dissoute. C'est la fin de l'illusion d'être une personne et la fin du rêve de l'individualité. C'est la découverte de la Vérité intrinsèque de l'Esprit dans un vécu authentique. En outre, la Conscience magnifiée devient Lumière, Vérité, Amour, Liberté, Joie perpétuelle et Éternité.

Ce fut le cas de quelques grands Maitres spirituels à l'instar du Christ et un nombre très limité de mystiques orientaux et occidentaux appelés, à défaut de meilleur terme, saints, saintes ou gourous. Nous excluons d'emblée toute la myriade de saints et de saintes en mal de reconnaissance qui identifient les rues et les villes en ce monde d'errance spirituelle.

Précisons également que, au-delà des mondes carbonés ou de chair, à l'instar des dimensions supérieures, l'âme n'existe pas. C'est l'Esprit immortel qui s'exprime dans le Soi par l'intermédiaire d'un corps de Gloire ou d'Êtreté, équivalent aux apparitions de Jésus après sa résurrection. En fin de compte, l'Esprit immortel n'est pas limité à quelques corps que ce soit et s'exprime aussi bien en ce monde qu'au-delà de l'anthropomorphisme.


CONCLUSION

Il est tout à fait normal que ce bref exposé bouscule certaines croyances bien enracinées. Libre à chacun de l'accepter ou de le réfuter en tout ou en partie. C'est ainsi que l'âme doit s'épanouir dans la libre expression de la conscience.

L'âme, la pensée et la personne sont à la fois liées à l'illusion et au corps de chair, dont lui-même est éphémère. Seul l'Esprit est Réel, Absolu et Éternel.

L'âme, en tant qu'intermédiaire entre l'éphémère et l'Éternel, finit par se consumer dans un sacrifice ultime au Feu de l'Esprit. C'est ce qui met fin à la prééminence de l'âme au bénéfice de la libération de l'Esprit.

En ce qui touche la résurrection, rappelons qu'il n'y a pas de spiritualité dite évolutive reliant les deux univers qui nous séparent. Il y a encore moins de passe-droit, de peuple élu, de croyances figées ou de pseudo connaissance conférant l'immortalité à une élite d'illuminés. Tant que nous adhérons à cette sphère densifiée, tant et si bien que nous demeurons identifiés à nos croyances faites d'illusions et de simulacres, nous ne faisons que perpétuer le rêve de ce monde troublé. Nous figeons les choses au lieu de les traverser.

N'a-t-il pas été dit: «Les premiers seront les derniers»? Bref, les plans de Lumière sont accueillis dans l'innocence de l'enfance, dans la simplicité, et surtout dans l'abandon de la personne dans l'Amour, fontaine de Lumière intérieure. «Le Royaume des Cieux est en vous».

Yvon Gagné


Ce n'est ni l'Esprit, ni la personne qui passe d'une vie à l'autre, mais une multitude
d'expériences façonnant une âme qui se réincarne. L'âme constitue candi-
dement les mémoires inconscientes de toutes ses vies passées.
La mémoire est donc du domaine de l'âme.


Il serait présomptueux de prétendre que l'homme peut devenir Dieu,
mais il est tout à fait juste de reconnaitre qu'il puisse s'élever
au-dessus du monde illusoire de manière à recon-
naitre l'Esprit immobile habitant en lui.


Il est du choix de chaque être de se conformer aux
impulsions de l'âme ou à l'appel de l'Esprit.


L'âme est un médium astral, un lieu
de mémoire et trop souvent,
un lieu de souffrance.