LA SOUVERAINETÉ INTÉRIEURE



La souveraineté intérieure est la capacité d'assumer entièrement sa manière d'être, de penser et d'agir en toute liberté. C'est aussi autoriser sa conscience à ne plus être assiégé par tout ce qui gravite autour d'elle, voir les instincts primaires, les pensées, les visions, les sentiments, les émotions, enfin, tout ce qui constitue le complexe inférieur de la personne.

Prenons l'exemple d'un traineau tiré par des chiens. Nous désirons aller quelque part. Nous donnons le signal de départ, mais une fois parti, ce sont les chiens qui prennent le contrôle de la marche. Attirés par toutes sortes de leurres, ils décident d'aller à gauche, puis à droite, sans jamais s'arrêter. D'une part, nous sommes partie prenante de l'expérience en cours et, d'autre part, nous nous sentons à la remorque, à la traine, puis victimes des circonstances de notre vie. Quelque chose dans notre for intérieur nous fait savoir que nous ne sommes pas maitres de la situation. Nous sommes résignés du fait que nous ne savons pas quoi faire. Pire encore, nous faisons preuve d'aveuglement volontaire.


Avant de commencer à rapatrier nos pouvoirs intérieurs, il serait bon de savoir que celui qui devrait être le maitre d'œuvre dans toute cette affaire est l'observateur en nous, le Soi. Cependant, le problème majeur vient du fait que nous sommes tellement identifiés à nos pensées et à nos états d'âme que nous entretenons une confusion permanente dans notre mental. Plus grande est l'émotion, plus importante est l'illusion, plus évidente est la perte de maitrise.

La première chose proposée ici est de se distancer de notre corps et de tout ce qui l'accompagne. Notre corps est doté d'un tas de fonctions autonomes et semi-autonomes qui interagissent indépendamment de notre consentement. Lorsque nous observons un malaise à l'intérieur de notre corps, il est possible de s'en distancer et le voir ainsi pour ce qu'il est: un malaise sans pour autant se confondre avec de dernier. Dans le cas contraire, l'identification de la conscience avec un problème ajoute une douleur psychologique au mal physique.

Autre exemple, une pensée surgit. Nous pouvons la réfuter tout en prenant conscience que nous ne sommes pas cette pensée. Il est bien important de conserver cette distanciation pour que l'observateur ne se laisse pas aspirer par cette dernière. Même chose pour tout ce qui se passe dans notre corps. Notons qu'il ne s'agit pas de faire disparaître les pensées, les désirs ou les douleurs. Ils sont réels pour le corps, mais la conscience peut ou pas faire corps avec eux. L'un pourra dire simplement que mon corps souffre, l'autre pourra en faire une dépression.


Le mental comme les émotions sont programmés pour occuper tout l'espace intérieur, et de façon permanente. Lorsque la réfutation est menée à son terme, un certain silence intérieur se crée conférant à l'observateur une sérénité et une qualité de vie qui ne peut être obtenue autrement. La marche solitaire ou la méditation convient très bien pour ce genre d'introspection.

Qui plus est, le silence intérieur favorise l'alignement des corps subtils procurant ainsi un état de Présence difficile à décrire, mais bien réel. Cette Présence s'appelle le Soi. Le Soi n’est ni le corps, ni l'âme, ni le divin. Il est le l'œil de la conscience pouvant transcender tous les corps inférieurs. Il est le souverain intérieur, la conscience volitive relativement libre des contraintes du temps et du monde dans lequel nous vivons. Réaliser le Soi, c'est retrouver son Identité première, c'est s'installer dans la Présence, c'est devenir souverain dans son corps et dans son milieu de vie.

Yvon Gagné


Nous ne pouvons vivre la conscience libérée
tant que nous adhérons à une partie de
nous-mêmes qui n'est pas libre.


Demeurons toujours libres dans notre cheminement, libres dans nos
lectures, dans nos pensées, dans nos croyances, enfin, libres
dans nos pratiques et nos choix spirituels.


Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu,
c'est bien connaitre la ligne qui sépare le monde
matériel et ses exigences, du monde
spirituel et sa Filiation suprême.