LA SACRALISATION



Il y a de ces vaches sacrées que l'on retrouve dans toutes les religions, dans toutes les cultures, dans la vie de chacun de nous, dont des personnes, des choses que l'on considère comme intouchables. Il est tout à fait humain de maintenir des sentiments hautement personnels envers ceux et celles qui ont participé intimement à notre expérience de vie. Ce sont nos repères intérieurs que l'on protège contre toute profanation.

Il y a bien d'autres personnages, objets qui n'entrent pas nécessairement dans l'expérience de vie de tout le monde, mais que l'on considère invariablement comme sacrés simplement par l'intensité des égrégores formés à leur sujet. On retrouve parmi ces personnages les saints et les saintes, toutes religions confondues, puis les lieux sacrés (Terre sainte, cathédrales, mausolée, églises, musquées, les lieux d'apparition ou de miracles, etc.), les prétentions de Peuple élu ou de race supérieure, sans oublier les objets, les symboles et accessoires utilisés dans les lieux de culte.


Certaines de ces figures ont été mises en place de bonne foi et sacralisées suite l'impact qu'ils ont laissé sur les collectivités concernées. Par contre, si l'on se distance suffisamment de ces égrégores figés dans le temps, on s'aperçoit que l'on a détourné vers l'extérieur de soi les valeurs et les pratiques spirituelles de millions de croyants. La prosternation ritualistique devant ce qui est considéré comme sacré en est l'exemple le plus flagrant. Or, l'être humain est bien souvent réduit à l'état de fourmi devant à l'importance démesurée conférée en ces lieux saints, en ces personnages, en ces évènements ou en ces choses dites sacralisées.

L'envers de la médaille est que, dans bien des pays, une seule critique envers ces choses dites sacrées, comme leur bible ou leur chef spirituel, peut vous valoir l'excommunication ou la prison, à défaut de vous couter la vie. Le célèbre écrivain Salman Ruchdie, suite à son édition Les Versets sataniques en sait quelque chose. Joignons à cela les crimes d'honneur, l'excision, les bourkas, les niqabs, on s'aperçoit que l'on a fini par intégrer aux sacro-saintes cultures presque toutes les atteintes à la dignité humaine. Dans la mesure où l'on troque le Soi au profit de valeurs extérieures à nous-mêmes, aussi belles, aussi légitimes soient-elles, il s'en suit toujours une dénaturation directe ou indirecte de la dignité humaine, quand ce n'est pas la perte de toute souveraineté intérieure.


D'autres part, en ce qui touche la connexion au Soi, la sacralisation tente de nous faire adhérer à quelque chose qui n'est pas Nous, puis à sidérer le processus de distanciation. Le problème est d'une telle ampleur qu'il est à se demander s'il n'y a pas eu conspiration de la part des forces de l'ombre. Souvenons-nous que la falsification a toujours eu pour effet de réduire l'humanité à l'esclavage, de la priver par tous les moyens de ses facultés spirituelles, et de façon ultime, de lui faire oublier complètement ses origines depuis les plans de Lumière. Vu sous cet angle, on peut dire qu'ils ont grandement réussi.

À l'autre bout du spectre humanitaire, qui dit Soi, dit Identité, dit distanciation, dit transcendance, dit éveil du Cœur et activation des chakras. La réalisation du Soi tend à mettre fin à la séparation de l'égo tout en inscrivant la conscience au sein de l'unité. Ainsi, la toute première expérience du Soi témoigne du fait que nous nous sommes en partie Trouvés.

La réelle transformation de conscience évoquée par les mystiques passe par une pratique méditative où l'homme devient le Centre de sa spiritualité. Voilà un réel renversement de paradigme qui contraste vraiment avec l'identification à un dieu, à un maitre, à une église, à une tradition qui ne sont en fait que des projections de conscience nous maintenant en permanence hors de nous-mêmes.

L'abandon à la Lumière demeure un geste solitaire et lucide qui repose sur une conscience qui s'est d'abord Trouvée, une conscience qui s'est Libérée de toute appartenance et de tout attachement aux réalités illusoires illuminant ce monde éphémère.


Sois ce que tu Es. Or, nous ne pouvons jamais réaliser notre Être en suivant aveuglément les préceptes instaurés par d'autres dont les intentions sont, le plus souvent, autres que celles de nous conférer l'autonomie spirituelle.

À un autre niveau, il est bon de rappeler que la réalisation du Soi met en cause notre aptitude à se gouverner soi-même. Elle nous incite à redéfinir le cadre de la raison spirituelle basée sur un vécu personnel et non sur des croyances véhiculées par des autorités religieuses.

Somme toute, un plus grand investissement de la conscience sur soi s'avère salutaire pour atteindre la souveraineté intérieure, Liberté essentielle pour naviguer hors des frontières de l'enfermement.

Yvon Gagné


Il ne s'agit pas de détruire les choses sacrées, mais de les considérer
simplement pour ce qu'ils sont, des symboles pouvant se référer
à des histoires de plus grande valeur. Toutefois, ne jamais
oublier que ces représentations ne concernent
que ta personne et non ce que tu Es.


Les croyances, les religions, les rituels, et même les manifestations de
l'astral ne sont que des certitudes illusoires. Ils donnent l'impres-
sion de posséder quelque chose alors que c'est toi-même
qui es possédé. Seul le vécu du Cœur peut vrai-
ment dévoiler l'essence de ce que tu Es.


Qui n'a jamais entendu dire que, si un
aveugle conduit des aveugles,
tous tombent dans la fosse?