LA JUSTICE



INTRODUCTION

Il y a-t-il un domaine aussi relatif et inachevé que la justice? Chaque pays interprète différemment la justice, de même que chaque personne juge différemment une situation donnée, tous influencée par leur culture, leurs coutumes et leurs valeurs religieuses. La justice sur terre est, sans aucun doute, une affaire d'évolution progressive du niveau de conscience morale de l'ensemble des individus.

Dès le début, les hommes ont compris que lorsqu'on se fait justice soi-même on génère de nombreuses réactions en chaine de vengeance et de violence pouvant dégénérer dans un chaos. Le crime organisé illustre lamentablement ce fait. La principale difficulté d'un consensus est que chaque personne a un point de vue différent de la justice du fait que sa pensée n'est jamais neutre due à ses expériences et à sa nature duelle.

Crédibilité oblige, voilà l'une des raisons pour lesquelles une personne ou un groupe de personnes ne peuvent pas s'ériger en tant que juge et partie dans un litige. Les dictateurs politiques et religieux qui ont fait fi de cette sagesse collective sont devenus des monstres en stigmatisant l'histoire par leurs comportements impitoyables et sanguinaires.

L'expérience a démontré que la justice était beaucoup mieux administrée et acceptée collectivement lorsqu'elle était administrée par un conseil de famille ou par un conseil de sages dans une petite communauté. Aujourd'hui, nos tribunaux, bien qu'imparfaits, administrent la justice dans leur pays respectif. La conclusion de toute cette lente évolution est qu'aucune personnalité ne peut assurer seule l'administration de la justice. Désormais, l'administration de la justice doit toujours demeurer une fonction collective.


L'INJUSTICE

Bien que la justice puisse arbitrer tant bien que mal les conflits entre les humains, il y a des secteurs de la vie où elle est complètement absente. La nature met en place des écosystèmes autonomes, mais pour ce qui est de la justice, elle est purement illusoire, à défaut de dire qu'elle n'existe tout simplement pas.

Par exemple, un enfant nait en bonne santé, un autre infirme ou malade. L'un grandit dans une famille riche, l'autre dans la pauvreté. Il n'y a jamais eu de rapports égalitaires entre les races, entre les hommes et les femmes, pas plus qu'en matière d'intelligence, de capacité physique et psychique. À l'instar du monde animal, le plus fort a force de loi.

De surcroit, une personne sans défense n'a aucune chance de rester en vie devant un grand fauve affamé. Une personne risque fort de perdre la vie dans l'effondrement d'un immeuble à la suite d'un tremblement de terre. Un navire en perdition à toutes les chances de couler avec son équipage dans une éventuelle tempête. Même dans notre quotidien, nous ne pouvons faire valoir aucun droit face au caprice du destin, voire les accidents de toutes sortes, le terrorisme, etc.

Force est de constater que la nature dispose d'une seule justice implacable et universelle, soit la loi de cause à effet. Or, les sages nous rappellent que le hasard n'existe pas. Ils font donc référence au karma, au boomerang, à la récolte d'une vie, à une sorte de loi impassible qui régit tout ce qui vit sur terre, un état de fait qui n'a que faire de la justice humaine.


L'INSTABILITÉ DE LA JUSTICE

La justice demeure aussi fragile que la démocratie. Elle repose sur la confiance et l'impartialité de ceux et celles qui l'administrent. Elle reflète également le degré d'évolution moral d'une société tout en étant le marqueur de son déclin. Le chaos planera toujours au-dessus des dictatures, des guerres, bien souvent précédées par le terrorisme et le crime organisé, tous se faisant justice eux-mêmes. En absence de justice, plus de droit, plus de liberté, plus de paix.

Tant que nos pays dits civilisés n'auront pas atteint un niveau de conscience assez élevé pour conserver un niveau exemplaire de justice sociale, tant que nos gouvernements transgresseront leurs propres lois lorsqu'elles ne feront plus leur affaire, tant que les intérêts supérieurs d'une nation reposeront sur l'exploitation des richesses naturelles des autres nations, les guerres se succèderont avec tous leurs cortèges de violence, de bestialité et de souffrance qui a toujours caractérisé le monde dans lequel nous vivons.

Le terrorisme international en plein essor aujourd'hui est la conséquence de l'outrage aux principes les plus fondamentaux de la justice sociale. «Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours des hommes mauvais.» (Lord Acton)


CONCLUSION

La pérennité d'une civilisation planétaire repose sur la moralité cosmique, sur les concepts de justice, de droiture et de miséricorde, notions toujours marginales en ce bas monde.

Un tel avènement se produira lorsqu'une masse critique d'êtres humains, conscients de leur identité divine, solidaires avec l'ensemble de l'humanité et soucieux de leur relation avec la nature, seront à la tête de la destinée planétaire.

Cette vision optimiste est en syntonie avec la Vibration d'amour infini qui émane de la Source soutenant la vie dans le grand univers. Il en tient à chacun de se libérer de la séduction excessive qu'exerce la matière sur sa conscience pour ensuite laisser la bienveillance imprégner toute forme de vie et de justice sur terre.

Yvon Gagné


«Et comment punirez-vous ceux dont les remords
sont déjà plus grands que leurs méfaits?»
--- Khalil Gibran ---


L'histoire a démontré qu'il n'y a pas de justice aussi impitoyable
que celle décrétée par le pouvoir et les Écritures.


Seul un état de droit permet d'assurer les libertés et les droits
fondamentaux en présence du bien et du mal.